(Général Andolenko - Eurimprim 1969).
Russie 1812. Allemagne 1813-1814.
Grande Guerre 1914-1918 (Thann, Cernay, Mulhouse, Rodern, Aspach, Dornach, Col des Journaux, Saulcy-sur-Moselle, Ban de Sapt, Ormont, Spitzenberg).
France 1939-1940.
La glorieuse histoire du 133e RI par le colonel Quais
Prenant la suite du régiment de la Méditerranée qui s'illustra sous l'Empire en Russie, le 133
e Régiment d'Infanterie est
reconstitué à Belley le 29 septembre 1873. Formé de contingents de plusieurs régiments de ligne, puis de conscrits des Landes, du Pays de Gex et du Bugey, le
premier bataillon est caserné au fort de Pierre-Châtel et à Fort l'Ecluse.
A la formation du deuxième bataillon, le commandement du corps est confié au colonel Boulanger le 1
er janvier 1875. Tandis que
se forme le troisième bataillon, la municipalité fait construire la caserne Sibuet qui sera achevée fin 1876.
Poussant l'instruction de la troupe, lui insuffluant l'esprit de
Revanche
, Boulanger fait du 133
e une unité d'élite, apte à assurer sa
mission de couverture de frontière au sein de la 41
e division d'infanterie.
A la déclaration de guerre, le 133
e se trouve au col de Bussang la nuit du 6 au 7 août 1914, il franchit le tunnel de Bussang au pas de charge, drapeau en
tête débouche en Alsace. Le 9 août, il reçoit le baptême du feu pour la prise de Cernay où il subit l'assaut d'une division entière, le
13 août, il fait tomber les défenses de Mulhouse. Du 30 août au 6 septembre, il lutte sans trêve au col des Journaux pour défendre Saint-Dié. Le 15
juin 1915, il s'empare de Metzeral au-dessus de Munster, occupant de vive force les tranchées de Sommerlick. Impressionné par cet exploit, le
général de Maud'huy décore le commandant du premier bataillon de sa propre Croix de Guerre et baptise les fantassins bugistes :
Mes Lions du 133
.
Trois semaines plus tard, à la Fontenelle, le régiment renouvelle le même exploit, faisant neuf cents prisonniers, s'emparant d'un
butin considérable. Le général Joffre vient lui-même attacher la Croix de Guerre à la hampe du drapeau et cite le régiment à l'ordre de
l'Armée :
Le 13 juillet doit rester dans la mémoire de tous, cet ordre de l'Armée consacre votre gloire
, dit le général Joffre.
De la Chapelotte à Verdun.
Toujours égal à lui-même, le régiment des Lions se distinguera en 1916, à La Chapelotte, sur la Somme, en Argonne, en 1917
à Reims et Loivre, Brimont. Le 1
er Novembre 1917, il est à Verdun. Le 9 novembre, il subit le choc d'un bataillon de la Garde Impériale au bois de la Chaume, il contre-attaque
dans la boue, fusillant les Prussiens à bout portant. Au mois de décembre, il encercle le village de Vaux où vient de s'illustrer auparavant le régiment de
réserve 333 dans les fossés du fort de Vaux. En 1918, le 133
e est en Champagne où il participera à la deuxième victoire de la Marne. L'Armistice
le trouvera en Belgique où lui sera remise la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire. Dissous le 1
er avril 1923 puis recréé en 1954, le
nouveau 133
e reçoit son drapeau à La Valbonne le 24 septembre 1981.
Le 133
e a été cité quatre fois à l'ordre de l'Armée. Sur son drapeau à la suite des victoires de l'Empire ont
été brodées les inscriptions suivantes : Alsace 1914, Aisne 1917, Marne 1918, Belgique 1918.
Le 133
e RI a perdu 82 officiers, 2014 gradés et soldats, 5 officiers supérieurs furent faits officiers de la Légion d'Honneur, 49 officiers ont reçu la croix de chevalier, 385
sous-officiers et soldats reçurent la médaille militaire. Au sujet des Bugistes du 133
e le général commandant la 7
e armée a
déclaré :
Les lions d'Afrique sont les rois du désert, les lions du Bugey sont les rois du champ de bataille
.
article paru dans le quotidien "Le Progrès" du 18 mai 1998
A la mémoire des Lions du Bugey
Dernier régiment de réserve de l'Ain, le 133e RI sera dissous le 20 juin (1998). Un dernier exercice a
été organisé, samedi et dimanche, dans le Bugey. A Belley, le régiment a honoré la mémoire de ses
combattants de la Première Guerre Mondiale.
Le 133
e régiment d'infanterie est le dernier régiment de réservistes dans l'Ain. Il sera officiellement dissous le 20
juin, dans le cadre de la professionnalisation de l'armée de terre. Son effectif, composé de 700 officiers, sous-officiers ou hommes de rang, sera affecté dans
différentes unités régimentaires de réserve professionnelle en Rhône-Alpes.
La transition d'une logique
contrat réserve-active
à celle de
l'engagement à servir dans la réserve
: c'est une grande page qui sera
tournée pour le 133
e RI.
Ce week-end, dans le Bugey, le 133
e RI a effectué son dernier exercice par une marche de Bellegarde à Belley, sous la conduite de son chef de corps,
le lieutenant colonel Berger, et a visité le Fort les Blancs-Pierre Châtel, autrefois tenu par le 133
e RI. A Belley, le fief de ses quartiers depuis 1871, il a honoré la
mémoire de ses vaillants combattants de la Première Guerre Mondiale, surnommés
les Lions du Bugey
.
Hier, à 11 heures, a eu lieu une commémoration au Monument aux Morts en présence des autorités civiles et militaires, avec
dépôt de gerbes, remises de décorations, suivie d'un repas au quartier Sibuet.
Si la suppression de la conscription génère aussi la fin de la réserve, ce n'est pas la fin du réserviste. Une amicale des réservistes du 133
e
RI existe depuis 1989. Comme dans un devoir de mémoire, l'amicale entend demeurer comme un lien fort entre tous les anciens du 133
e RI.
L'histoire du 133e RI.
Par tradition, le régiment de l'Ain s'est illustré sur de nombreux champs de bataille depuis l'Empire. Fondé en théorie en 1793 lors de
la création des 254 demi-brigades, il prendra effectivement corps en 1812, issu du second régiment de la Méditerranée, formé par
Napoléon. En 1813, il participe à la retraite de Russie, sera dissous en 1814 avec la chute de l'Empire et renaîtra en 1873 pour devenir le régiment de
l'Ain, établi à Belley. Il participe à la campagne de Madagascar en 1895. Durant le premier conflit mondial, le 133
e RI sera de tous les combats, et, outre la fourragère
aux couleurs de la Médaille Militaire, ses hommes y gagneront leur surnom
les Lions du Bugey
. En 1915, le général Joffre lui remet la croix de guerre, le
133
e RI est cité à l'Ordre de l'Armée, pour avoir fait neuf cents prisonniers.
Dissous en 1923, reformé en 1939 comme régiment d'infanterie de forteresse, il occupera la ligne Maginot, puis combattra aussi sur le
canal de la Marne au Rhin. Il y capitulera. Après sa dissolution, beaucoup de ses membres s'illustreront dans les maquis de l'Ain et du Bugey.
article paru dans le quotidien Le Progrès du 18 mai 1998