Le petit frère du « neuf-neuf »
Quand on évoque la place de l'armée à Vienne, on mentionne le 99
e régiment d'infanterie. On a tendance à oublier que le « neuf-neuf »
possédait un régiment de réserve, le 299
e RI.
Le « neuf-neuf », ou 99
e régiment d'infanterie fait partie de l'histoire de Vienne. Quand la grande guerre a éclaté, un bataillon de ce
régiment, par ailleurs lyonnais - il a été dissout à Lyon avec la professionnalisation des armées - était
cantonné dans la caserne Rambaud. La garnison possédait également un régiment de réserve formé dans son sillage. Il s'agissait du
299
e régiment d'infanterie qui fut mobilisé en 1914.
Le colonel André Mudler a commandé à Lyon le 99
e RIA entre 1988 et 1992. Cet ancien officier à qui l'on doit déjà un ouvrage « Le 9-9
dans la tourmente »
(1) vient de se lancer dans des recherches pour écrire un livre sur le régiment de réserve.
On sait de lui qu'il a été créé administrativement en octobre 1891 comme régiment de réserve de 99
e RI de Lyon. Avant le
premier conflit mondial, toutefois, le 299
e RI n'est pas activé, « si ce n'est à Bourgoin le 25 août 1897, à l'occasion de manoeuvres qui durent
quelques jours, jusqu'au 31 du même mois, dans la région de La Tour-du-Pin et de Saint-Chef » observe le colonel Mudler. Le régiment compte alors une
cinquantaine d'officiers, 70 sous-officiers et plus de 1 800 caporaux et soldats.
« En fait, le 299
e est réellement constitué en août 1914 » mentionne André Mudler. Il est alors constitué à
Sainte-Colombe-les-Vienne et prend ses quartiers à la caserne Rambaud. « Commandé par le lieutenant-colonel Petijean, il est d'abord dirigé sur
Montmélian par le train. Il remonte ensuite l'Isère et le 20 août part très rapidement sur Lunéville. Ce seront les premiers combats
à Gerbéviller » raconte André Mudler. Ces premiers combats sont d'une extrême violence. 800 hommes du régiment de
réserve meurent d'un seul coup.
Parmi les faits d'armes de ce régiment, on notera la défense de Verdun en 1916, la reprise des forts de Vaux et de Douaumont, ce qui vaudra au « deux-neuf-neuf »
sa première citation et la croix de guerre. En 1917, il est à nouveau devant Verdun. En 1918 il combat sur l'Aisne et participe à l'offensive de Champagne, puis à
l'offensive franco-américaine en Argonne, avant de franchir l'Aisne.
On retrouve le régiment en 1919 sur les bords du Rhin, où il monte la garde, avant sa dissolution le 16 avril 1919. Il aura obtenu durant cet interminable guerre quatre citations
militaires et la fourragère aux couleurs de la médaille militaire.
On notera que le régiment de réserve connaîtra une renaissance, toujours à Lyon en 1978. Le 299
e disparaîtra définitivement avec le
99
e en mai 1997. Il aura vécu un peu plus de cent ans. Une vie d'homme !
NOTE
(1) « Le 9-9 dans la tourmente, 1939-1945 », sous la direction d'André Mudler et d'Yves Lacaze, éditions BGA Permezel.
article paru dans le quotidien Le Progrès du 9 février 2005