12e Régiment de Hussards


LE 12e HUSSARDS
- régiment graylois -
sur les fronts de la Grande Guerre (1914-1918)

L'épopée militaire dont nous faisons le récit relate les faits d'armes du régiment qui a tenu garnison à Gray pendant 22 ans (1892-1914) et dont la vie a été étroitement liée à celle de notre cité.

Les protagonistes de cette épopée sont en grand nombre enfants du pays.
Leur nom évoque pour bien des lecteurs des souvenirs émus : Peillard, de Traversay, Bonnefous, de Broissia, d'Avout, Germain, Bailly, Bachelet, Decour, Pastrie, etc...
Le 1er août 1914, le 12e régiment de hussards sous les ordres du colonel Peillard quitte Gray en deux échelons, enlevé par quatres trains qui emportent 31 officiers, 56 sous-officiers, 69 brigadiers, 526 cavaliers, 671 chevaux et 14 voitures.
Pour la dernière fois avant de monter en ligne le 12e Hussards défile devant l'hôtel de ville, la fleur au mousqueton. Fièrement les Hussards, coiffés du shako, arborent le dolman
bleu pâle, le pantalon rouge et la tunique bardée de brandebourgs noirs, avant de revêtir la tenue de campagne...
(texte du spectacle Son et Lumière du 4e Centenaire de l'hôtel de ville.
Le régiment débarque à Dampierre le Bois, Méziré et Fesches le Châtel et prend position dans le secteur d'Altkirch Dannemarie. Le lendemain le 3e escadron reçoit le baptême du feu près de Joncherey et sabre les premiers cavaliers allemands.
Quelques jours plus tard le lieutenant de Broissa parti en reconnaissance jusqu'à Niederranspach, se heurte violemment à des éléments d'infanterie ennemis.
Pendant 18 jours le régiment fait campagne en Alsace avant d'être engagé sur d'autres fronts.
Il serait trop long de redonner toute la chronologie des actions auxquelles le corps a participé au cours de cette longue guerre : de septembre à octobre 1914 la bataille de la Marne, puis l'Aisne, l'Artois, la Champagne, Compiègne...
Jusqu'en juin 1918 ces cavaliers ne connurent guère d'autre emploi de leurs qualités militaires que le service en secteur comme garnisons de tranchées de première position, ou les missions de travailleurs, coureurs, observateurs, convoyeurs de prisonniers, etc...
Ils ont donné la preuve qu'ils étaient aptes à toutes tâches.
Le 31 juillet 1917 notamment, près de Leintrey, un coup de main préparé par l'artillerie et confié au 2e escadron (Capitaine de la Gastine) fait l'objet d'une citation à l'ordre de la brigade :
Le 31 janvier 1917 entraîné par son chef, le capitaine de la Gastine, par ses chefs de peloton, le lieutenant Farizi, le sous lieutenant Raffaly et l'adjudant Degueurce, s'est élancé avec le plus bel entrain à l'attaque d'une tranchée allemande, l'a prise d'assaut, l'a débarrassée de ses occupants, causant de sérieuses pertes à l'ennemi. A repoussé une contre-attaque et ramené 14 prisonniers.
Plus tard le lieutenant-colonel de Traversay, commandant le 1er groupe, cite à l'ordre du régiment, le 1er escadron :
Escadron d'élite. Dans la nuit du 16 au 17 avril 1917, entraîné par son chef, le capitaine Bailly et par les lieutenants Béguier, Mallet et Bésuchet, a fait irruption dans l'ouvrage allemand du Trapèze, fortement défendu. A soutenu une lutte très vive à la grenade contre les occupants, leur infligeant des pertes sérieuses et détruisant des abris. S'est ensuite retiré sur ordre, ramenant tous ses blessés au nombre de 23 sur 75 combattants. Du 10 au 13 juin 1918 a fait dans des circonstances difficiles de nombreuses et brillantes reconnaissances, a fourni au commandement des renseignements précieux qui ont contribué à enrayer l'avance allemande sur Compiègne.
Mais ce n'est qu'au moment de la contre-offensive franco-britannique du 8 août 1918 que des cavaliers du 12e purent agir avec les qualités propres à la cavalerie et donner toute leur mesure
en poussant de hardies reconnaissances, en lançant de grisantes poursuites.
Ils montrèrent quel parti un chef pénétré d'audace et de décision peut tirer de la combinaison de la rapidité des mouvements et de la puissance du feu. En témoignent les faits d'armes de Ribécourt, de Vésigny, de Mesbrecourt, des rives de la Serre et du Gland, de la frontière belge et de la Meuse.
Le lendemain de l'Armistice, le gênéral Priou, commandant la 58e DI, félicite les Hussards de la valeur déployée dans la poursuite de l'ennemi et décerne la citation collective suivante au 1er groupe du 12e Hussards sous le commandement du lieutenant-colonel de Traversay :
Brillants escadrons toujours dans les traces du boche qu'ils ont sabré durant ces magnifiques et glorieuses journées, faisant de nombreux prisonniers et capturant un important matériel.
Mais il est d'autres actes empreints du plus complet esprit d'abnégation et du plus pur sentiment du devoir qu'il convient de citer : c'est la belle conduite du maréchal des logis-chef Decour, tentant l'impossible, malgré la fusillade ennemie, pour ramener dans nos tranchées le corps de son chef, le lieutenant Lesne, tué à ses côtés. C'est le sang-froid, le courage personnel déployé par le sous lieutenant de Rivoire, qui, pour rallier ses cavaliers surpris et dispersés par une brusque rencontre avec l'ennemi, reste exposé au feu, âme du vrai chef qui ne veut pas, quand le succès de sa mission et le sort de sa troupe sont en jeu, abdiquer un seul instant l'honneur d'être une cible. Ce ne sont que des exemples pris entre beaucoup.
La longue liste des croix de guerre décernées permet de constater que les qualités de courage et d'initiative qui caractérisent le soldat français, se sont manifestées à un haut degré au 12e Hussards dans cette longue lutte que l'histoire appelle la Grande Guerre.
Gray a contracté une dette de reconnaissance envers tous ces cavaliers qui tenaient que son nom soit cité avant de monter au front, envers tous ces jeunes soldats issus en grande partie de nos villages haut-saônois et qui ont si courageusement combattu sous l'écusson du 12e et en premier lieu envers les 85 d'entre eux qui ont consenti le sacrifice suprême pour sauver la Patrie et l'honneur de ses armes.

article d'André Fick paru dans la presse de Gray le 7 novembre 1980