HISTORIQUE
du
210e d'Infanterie
DIJON
IMPRIMERIE R. DE THOREY
5, rue docteur Chaussier, 5
1922
CHEFS DE CORPS
du 210e Régiment d'Infanterie
Lieutenant-colonel Tisserand, du 2 août 1914 au 25
août 1914.
Lieutenant-colonel Brusset, du 26 août 1914 au 31
octobre 1914.
Lieutenant-colonnel de Malleray, du 8 novembre 1914 au 29 mars
1916.
Lieutenant-colonnel Martin, du 8 avril 1916 au 10 mai 1917.
Lieutenant-colonnel Malandrin, du 11 mai 1917 au 22 avril 1919.
Lieutenant-colonnel Foriel Destezet, du 23 avril 1919 au 1er
septembre 1919.
HISTORIQUE
du
210e d'Infanterie
pendant la guerre 1914-1918
La mobilisation - transport de concentration
Le 210
e RI, se mobilise à Auxonne du 2 au 8 août
1914, dans un ordre parfait, avec un entrain et un esprit de discipline
qui devait, plus tard, le distinguer au cours de la campagne.
Le 9 août, le régiment entièrement
constitué, habillé et
équipé, à l'effectif de 2240
gradés et hommes sous le commandement du lieutenant-colonel
Tisserand, est dirigé sur Châtel sur Moselle,
où il débarque le 10 août. Il fait
partie du 8
e corps d'armée (Ière
armée).
Premières étapes
Combats d'Hertzing, Rozelieures, Essey la Côte
Dès le 11 août 1914, le régiment
commence ses dures étapes ; sur Remenoville d'abord
où il est rattaché à la 15
e DI, puis
successivement sur Gerbevillers, Vathiménil, la
forêt de Mondon et à Hablainville.
Le 15 août, incorporé dans une colonne
formée par la 30
e brigade et par 2 groupes d'artillerie, il
franchit la frontière entre Goigney et Foulecrey, puis
revient cantonner le même jour à Repaix. Le
lendemain il se porte en soutien d'artillerie à Foulecrey, y
cantonne le 17 et y reçoit pour la 1
ère fois, les
coups des obusiers allemands.
Placé en réserve de division, le
régiment continue, le 18, ses étapes, se porte
successivement sur S
t Georges, Hertzing, Barchain et Condrexange,
puis, escortant les convois de la 15
e DI, se porte sur Bebing, la
ferme de Rinting et la cote 321 d'où il assiste à
une attaque de nuit sur Langatte, menée par la 30
e brigade
(20 août).
Cette attaque, n'ayant pas été favorable à la
15
e DI, les éléments engagés sont
contraints de se retirer ; ils sont protégés dans
leur mouvement de retraite par 2 bataillons du 210
e qui
reçoivent chaqu'un une mission spéciale
: pour le 5
e bataillon, celle d'occuper les tranchées face
à Hertzing. Pour le 6
e bataillon, celle d'attaquer, s'il y a
lieu, le pont d'Hertzing et d'en chasser les Allemands puis d'en
défendre l'accès.
En exécution de cet ordre, le 6
e bataillon,
commandé par le chef de bataillon Harmand, se porte, le 21
août, à 6 h 30, vers le pont d'Hertzing qu'il
trouve inoccupé. En présence de cette situation, le
commandant du 6
e bataillon décide d'occuper la
crête en avant du pont ; mais les
éléments engagés pour cette
opération, se heurtent bientôt à l'ennemi
qui s'était dissimulé complètement
dans les tranchées. Le combat s'engage rapidement ; les
forces ennemies qui se dévoilent peu à peu, se
montrent très supérieures et obligent les
éléments du 6
e bataillon à se replier
en deçà du pont.
À 12 heures, le repli est complètement
achevé et l'ennemi qui n'effectue aucune poursuite, cesse
son feu qui, sans interruption, durait depuis 7 heures 45. A 21 heures, le 6
e bataillon regagne Herbevillers, où il rejoint le
5
e bataillon.
Le 23 août, la 15
e DI, se retire en effectuant une marche de
30 km sur la ligne Damas aux Bois, Moriville qu'elle doit fortifier
tout en reprenant haleine.
Le régiment cantonne à Moriville, puis
à Damas aux Bois, le 24, qu'il quitte le 25 à 3
heures du matin pour se diriger sur S
t Boingt où il appuie
une attaque du 134
e RI sur Rozelieures et le bois de Rethimont. Le 5
e
bataillon, commandé par le chef de bataillon Brusset, qui
pénètre dans Rozelieures est
entraîné par le recul rapide du 134
e RI violemment
contre-attaqué par l'ennemi. Le 5
e bataillon,
après avoir subi des pertes sévères,
est rallié à Saint-Rémy pour y tenir les
croupes. Le 6
e bataillon tient toute la journée dans le bois
de Lalau et arrête, avec l'appui d'un bataillon de chasseurs,
la contre-offensive ennemie.
Le 26 août, l'offensive est reprise sur Rozelieures et le
bois de Rethimont par la 15
e DI. Le 210
e RI est
dirigé sur Essey la Côte où
le 6
e bataillon reçoit l'ordre d'occuper les
tranchées au nord du village et essuie un très
violent bombardement par les obusiers allemands qui lui occasionne des
pertes très graves.
Le 27, le régiment commandé par le
lieutenant-colonel Brusset, placé en réserve de
division, se porte sur Vennezey, qu'il occupe également le
28. L'offensive de la 15
e DI, s'étand heurtée le
29 août à une position très
fortifiée, le 210
e est placé en
réserve sur les crêtes de Giriviller avec mission
de les fortifier.
Le 4 septembre, le régiment se porte sur Essey la
Côte pour contribuer à l'organisation d'une
position de repli, sur le front de S
t Boingt, Damas aux Bois. Il reste
dans cette région jusqu'au 13 septembre, date à
laquelle l'ennemi ayant battu en retraite, il reçoit l'ordre
de se rendre à Bayon, puis à Charmes pour
être embarqué en chemin de fer.
St Mihiel, Bislée, bois d'Ailly, bois Brûlé, Apremont, La Louvière
Le 210
e RI, embarqué le 15 septembre à Charmes, arrive le
même jour à S
t Mihiel et va cantonner à la caserne
Canrobert où il passe la journée du 16 au repos.
Le 17, il est désigné pour occuper les avant-postes
destinés à couvrir le rassemblement de la 15
e DI. Le
19 septembre, après relève, il fait étape à
S
t Mihiel, à Chaillon et à Heudicourt, puis brusquement
reçoit l'ordre de revenir et d'aller embarquer à
Lérouville.
L'embarquement en chemin de fer a lieu le 20 septembre ; le
régiment débarque à S
t Menehould et va cantonner
à Chatrices où il est mis à la disposition de la
29
e brigade pour contribuer à l'organisation des positions au
sud de la voie ferrée de Dombasle.
Le 29 septembre, quittant subitement la 29
e brigade, le régiment
revient dans la région de S
t Mihiel ; le 5
e bataillon
(commandant Godard) est envoyé aux avant-postesà Bausette
et Miernis jusqu'au 5 octobre où il va cantonner à
Sampigny, puis à Koeur la Grande, le 7 octobre ; le 6
e bataillon
(commandant Yenn), reçoit la mission de continuer des travaux
d'organisation à Malimbois.
Le 2 octobre, la 22
e compagnie est chargée de s'assurer de
l'existence d'un pont de bateaux construit par les Allemands en amont
du pont en pierre de S
t Mihiel et de le détruire. Cette mission
réussit parfaitement.
Le 7 octobre, à 18 heures, le 6
e bataillon en entier
reçoit l'ordre d'occuper Chauvoncourt et de détruire un
pont de bateaux en aval du pont fixe. Par une nuit très noire,
le 6
e bataillon se met en mouvement en prenant ses dispositifs de combat,
mais il se heurte bientôt à des réseaux de fils de
fer barbelés, et à un feu violent partant des casernes ;
il est obligé de se replier sur Malimbois dont il occupe les
tranchées jusqu'au 13 octobre.
Le 9 octobre, attaque générale sur tout le front du 8
e
corps d'armée. Le régiment est alerté. Le 10,
à minuit, il envoie la 19
e compagnie à Bislée pour
renforcer une compagnie du 85
e RI violemment contre-attaquée.
Cette contre-attaque est repoussée. La 20
e compagnie est
également envoyée à Bislée à 4
heures du matin avec une section du génie pour construire une
passerelle.
À 22 heures, la contre-attaque ennemie se déclenche
à nouveau, soudaine et violente, mais après un
léger recul sur le village et la défense
héroïque du cimetière de Bislée par les
éléments du 210
e RI, l'ennemi est arrêté,
puis mis en fuite.
Le 18 octobre, le 6
e bataillon reçoit l'ordre d'attaquer en 3
colonnes, le croisement des routes de Bislée au fort du Camp des
Romains, le bois Carré et la ferme de Mont Meuse. Ces objectifs
ne sont pas atteints, mais le bataillon s'accroche à moins de
200 mètres de l'ennemi et organise des tranchées qui sont
violemment bombardées le 19 octobre, nous occasionnant des
pertes très sérieuses. Ces tranchées sont
occupées alternativement par les 2 bataillons.
Le 30 octobre, le bivouac de repos du bois de Barmont est
transféré à Koeur la Grande, où se trouve
le PC du chef de corps. Le lieutenant-colonel Brusset, commandant de
210
e RI y est grièvement blessé le 31 octobre et meurt
des suites de ses blessures le 17 décembre 1914, à
l'hôpital mixte de Commercy.
Le 17 novembre, le 6
e bataillon appuie par une attaque sur le ferme de
Mont Meuse et le bois Carré, une attaque de division sur
Chauvoncourt restée sans résultat.
Le 25 novembre, le 210
e RI, commandé par le lieutenant-colonel
de Malleray, est relevé de ses tranchées pour faire
partie d'un autre secteur : le "secteur des bois".
Le 26, le régiment se rend aux abris de la Commanderie,
située sur la route Mécrin Marbotte où il est
placé en réserve. De 5
e bataillon, cependant pousse
jusqu'à l'étang de Ronval et la cote 360 pour soutenir
l'action du 19
e et 20
e compagnies qui, mises à la disposition du
commandant du secteur, avaient reçu l'ordre d'attaquer les
positions ennemies. Cette attaque renouvelée le lendemain par
tout le 5
e bataillon, ne donne aucun résultat.
Du 29 novembre au 9 décembre, le régiment occupe la
redoute du bois Brûlé, puis les tranchées de S
t
Agnant et plateau 322 du 9 au 23 décembre.
Relevé par les 227
e RI, il va cantonner à Vignot, en
réserve de Corps d'Armée. Après une période
de court repos le 210
e en entier relève le 6 janvier, le 85
e RI,
au bois de la Louvière où il reste jusqu'au 15 janvier,
subissant chaque jour des pertes importantes par bombardement des
tranchées de 1
ère ligne.
Alternant avec le 95
e RI, le 210
e RI, occupe du 29 janvier au 5 mars,
les tranchées de la cote 322 et de la Sablière, face
à Apremont, puis jusqu'au 5 juin les tranchées de la
Louvière.
Le 10 juin, mis à la disposition de la 15
e DI, le
régiment reçoit l'ordre de relever le 134
e RI dans le
secteur de la rive gauche de la Meuse. Le mouvement s'opère
pendant la nuit du 10 au 11 et du 11 au 12 juin ; le 5
e bataillon
relève dans la zone du canal, un bataillon du 134
e RI, le 6
e
bataillon prend les tranchées dans la presqu'île de
Bislée. Ces 2 bataillons restent en secteur jusqu'au 18 juillet,
alternant avec le 134
e RI.
Le 18 juillet, le 5
e bataillon, quittant le secteur rive gauche,
relève dans le secteur du bois Mulot, un bataillon du 27
e RI,
tandis que le 6
e bataillon relève le 27 juillet dans le secteur
de Vaux - Ferry ; un bataillon du 10
e RI. Le lendemain de cette
nouvelle occupation, l'ennemi prononce une forte attaque sur tout le
front bois Mulot - Vaux - Ferry ; il est arrêté et
repoussé par les feux d'artillerie et d'infanterie.
Le 8 août, le 210
e est affecté au 31
e corps
d'armée. Il quitte le secteur de la 15
e DI et le 8
e CA, dans la
nuit du 7 au 8 août.
Depuis le 16 septembre 1914, le régiment se trouvait ainsi dans
la région de S
t Mihiel et de la forêt d'Apremont. Durant
ces 11 mois d'occupation de secteur, nombreux sont les souvenirs
qu'évoquent des noms tels que Bislée, bois
Brûlé, la Louvière, Apremont, pour tous ceux qui
ont suivi le 210
e dans toutes ces étapes si pénibles et
si dures ! Ces noms resteront gravés, dans l'esprit de chacun,
car ils constituent un ensemble de courage, d'abnégation, de
sacrifice et d'endurance qui a fait l'honneur du régiment.
bois de Mortmare - Flirey
Le 210
e RI, rattaché à la 76
e DI, rejoint son
nouveau secteur le 10 août il est mis à disposition du
colonel commandant le secteur de Flirey, face au bois de Mortmare.
Dès le 14, le 5
e bataillon occupe avec 2 compagnies le
sous-secteur du "centre" pendant que le 6
e
bataillon exécute des travaux importants en 1
ère
ligne sous de violents bombardements.
Le 20 septembre, le sous-secteur du "centre" et modifiée par
l'adjonction du secteur "Cottiard". L'ensemble de ce nouveau secteur
est occupé par 2 compagnies et demie de chacun des 2 bataillons
qui concourent pour assurer la relève.
Les autres compagnies exécutent des travaux dans les sous-secteurs Barrin et Chanzy.
Remières - Seicheprey
Le 30 septembre par suite du départ de la 64
e DI retirée
provisoirement du front du 21
e CA, la 76
e DI, reçoit l'ordre
d'étendre son secteur. En exécution de cet ordre, le 210
e
est relevé dans son secteur de Flirey et va occuper avec un
bataillon le sous-secteur de Remières Seicheprey. Les 2
bataillons du régiment concourent pour la relève de ce
secteur tous les 6 jours.
Le 15 novembre une patrouille de la 21
e compagnie, rencontre une
patrouille ennemie dans le vallon de Jury Remières, entre les
tranchées de 1
ère ligne. Après une vive fusillade
la patrouille allemande est mise en fuite laissant sur le terrain 2
cadavres qui sont ramenés dans nos lignes.
Le 7 janvier 1916, la 64
e DI, relève la 76
e DI, envoyée
en réserve d'armée à l'arrière du front. Le
252
e RI, désigné pour occuper le secteur du 210
e
relève ce régiment du 8 au 10.
Après relève le régiment vient occuper les villages
de Mesnil la Tour, Jouy et le camp de l'étang de
Gérard-Sas (forêt de la Reine).
Verdun - bois d'Avaucourt
Le 21 février 1916, date à laquelle commence la grande
bataille de Verdun, le régiment embarque en camions automobiles
entre Aulnois et Cornieville ; il est transporté à
Commercy, où il est cantonné à la caserne de
Lérouville. Avec la 89
e brigade dont il fait partie, il est
placé en réserve du 8
e CA, en attendant son tour d'aller
défendre la forteresse.
Le 23 février, il est dirigé sur Sampigny où il effectue des travaux de 2
e position.
Le 13 mars, la 76
e DI se reformant dans la région
Lignière - Dagonville - Triconville, le 210
e reçoit
l'ordre d'aller cantonner à Dagonville, puis par
l'itinéraire Rozières, Rembercourt et S
t André, il
arrive le 21 mars à Dombasle où, avec la 89
e brigade, il
est mis à la disposition du général de Bazelaire.
Le soir même sous un bombardement intense, le régiment se porte à Esnes, en réserve.
Le 22 mars, vers 10 heures, à la suite d'un bombardement violent
de la 1
ère ligne, au nord et au nord-ouest de la cote 304, le
210
e est mis à la disposition du colonel commandant la 53
e
brigade.
Le 5
e bataillon (chef de bataillon Sutterlin) et la 1
ère CM, sont alertés.
À 16 heures, l'ennemi déclenche son attaque ; le 5
e
bataillon se porte à 17 heures, en arrière de la cote de
288-9 avec mission d'interdire l'accès de la cote 304 ; le 6
e
bataillon, alerté à 18 heures, se rend dans le boyau de
la Garoupe, avec mission de contre-attaquer face au nord, un ennemi qui
déboucherait de la corne est du bois d'Avaucourt.
L'attaque allemande ayant échoué, le 210
e reçoit
à 22 heures, l'ordre de relever sur leurs positions les bataillons
du 3
e RI et du 121
e RI, face à la lisière du bois
d'Avaucourt. Toutes ses positions ainsi que le village d'Esnes sont
très violemment bombardés.
Le 23, le 5
e bataillon est relevé dans ses tranchées par
1 bataillon du 163
e puis vient en réserve à Esnes, pour
se préparer à une attaque sur le bois d'Avaucourt ; cette
attaque n'ayant pas eu lieu, le bataillon est employé aux
travaux de nuit à l'ouest de la route de Haucourt, jusqu'aux 27
mars, où il est dirigé sur la ferme Verrières
(forêt de Hesse). À cette même date, le 6
e
bataillon, relevé de ses tranchées vient cantonner
à Esnes.
La 89
e brigade, commandée par le colonel Collin, devant attaquer
le réduit du bois d'Avaucourt, le 29 mars, les 5
e et 6
e
bataillons du 210
e RI, viennent prendre position dans les
parallèles de départ.
Le but de l'attaque et de reprendre à l'ennemi une partie du
bois d'Avaucourt, enlevé le 20 mars à nos troupes par la
12
e division bavaroise. L'ordre est de s'emparer du réduit de la
position, qui peut donner à l'ennemi accès sur les pentes
où est de la cote 344, et de s'y installer solidement.
Après une préparation d'artillerie formidable, le signal de l'attaque est donné à 4 h 30.
La colonne d'attaque formée par le 6
e bataillon (commandant
Yenn), est disposée en colonne double, les compagnies
étant elles-même en colonnes doubles de peloton, les 2
premières vagues déployées, les 2 autres en
colonne d'escouade à intervalles de déploiement.
La 1
ère vague d'assaut, après avoir parcouru un glacis de
500 mètres, franchit les débris des réseaux de fil
de fer, aborde le bois et pénétrant dans le
réduit, s'accroche à environ 30 mètres au sud
sud-est de l'ouvrage de la cote 277-3. La 2
e vague suivant
l'itinéraire de la 1
ère s'établit à environ
100 mètres à gauche du boyau de la Garoupe, au nord
nord-ouest de la cote 277-3. Les 3
e et 4
e vagues arrivent presque en
même temps que la 2
e et renforcent celle-ci à gauche du
boyau de la Garoupe.
Le 5
e bataillon appuie le mouvement du 6
e bataillon en faisant
progresser dès le déclenchement de l'attaque, une
compagnie dans le boyau de la Garoupe ; cette compagnie progresse sans
arrêt jusqu'à la lisière du bois, enlevant
successivement tous les barrages ennemis ; mais le boyau prit
d'enfilade par une mitrailleuse, oblige bientôt la compagnie
à se déployer, elle assure de cette façon la
liaison entre le 157
e RI et le 6
e bataillon du 210
e RI.
Les autres compagnies du 5
e bataillon, se portent, à 10 heures, dans le réduit pour renforcer la position.
Le lieutenant-colonel de Malleray, qui reçoit le commandement
de toutes les troupes (157
e et 210
e) engagées dans le
réduit d'Avaucourt, fait organiser rapidement la nouvelle
position pour parer aux contre-attaques ennemies. Celles-ci se
produisent bientôt, toutes menées avec un acharnement
inouï sous un bombardement d'une extrême violence. Chaque
attaque repoussée est suivie immédiatement d'un nouvel
assaut, mais toutes restent infructueuses ; l'ennemi est
définitivement repoussé après de violents corps
à corps, et le réduit d'Avaucourt reste la conquête
des héroïques poilus du 210
e RI qui, une fois de plus,
venaient de prouver qu'ils étaient dignes d'être
placés aux postes les plus critiques.
Cette conquête, hélas ! devait coûter au
régiment la perte de son chef : le lieutenant-colonel de
Malleray est tué par un obus qui lui fauche les 2 jambes,
à 16 heures, à son poste de commandement qu'il venait
d'installer au centre même du réduit, au milieu de ces
hommes et en dépit de la violence du bombardement ennemi.
Privée de son chef, de la plus grande partie des gradés
et affaibli par les grosses pertes subies au cours de cette glorieuse
journée du 29 mars, le régiment est relevé le 30
et le 31 mars par le 227
e RI et va, au repos, cantonner à
Brocourt et dans le bois de Fays.
Le 15 avril, le 210
e RI, reconstitué en partie, commandé
par le lieutenant-colonel Martin, quitte définitivement le
secteur d'Avocourt.
Les Vosges
Après un repos d'un mois environ, passé à
Ville-Issey, près de Commercy, le régiment reçoit,
le 23 mai 1916, l'ordre d'embarquer en chemin de fer à Sorcy.
Il débarque le 24 et va cantonner à Laveline et
à Aumontzey ; il y reste jusqu'au 5 juin, puis il se rend pas
l'itinéraire : la Bourgogne, Etival, Moyenmoutier dans le
secteur du Rabodeau, où il relève le 7 juin, le 23
e RI.
Le CP du colonel est établi à Moyenmoutier ; les bataillons occupent les secteurs de Lamdebehay et de la Forain.
Le 10 juin, le 4
e bataillon du 157
e RI (chef de bataillon Gros), passe
au 210
e RI et conserve son nouveau régiment le numéro 4.
Ce bataillon qui occupe un secteur à gauche du secteur de
Rabodeau, reste sur ses emplacements jusqu'aux 9 août, date
à laquelle il descend au repos à S
t Prayel, où il
est employé à l'amélioration des 2
e positions.
Le 25 août, le régiment change de secteur ; le
lieutenant-colonel prend le commandement du secteur de S
t Jean
d'Ormont, le 4
e bataillon relève 1 bataillon du 163
e RI, dans le
sous-secteur de la Fontenelle, le 5
e bataillon prend les
tranchées dans le sous-secteur de Lanois - Hermanpère,
seul le 6
e bataillon conserve ses anciennes positions dans le
sous-secteur de la Forain.
Le 27 novembre, le 210
e RI, relevé du secteur de S
t Jean
d'Ormont, se rend par étapes au camp de Saffais, où il
arrive le 2 décembre ; il occupe les villages de Barbonville et
de Vigneulles.
Après quelques jours d'instruction seulement, il est brusquement
alerté ; il quitte le camp de Saffais le 12 décembre,
pour se rendre par étapes à Charmes, embarque le 18 en
chemin de fer à destination de la région de Lyon,
où se rassemble toute la 76
e DI, en vue de son prochain
départ de France et de son rattachement à l'armée
d'Orient.
L'Orient
Le 210
e RI, cantonné dans les villages de S
t Germain au
Mont d'Or, Curis, Quincieux, se préparent activement dans les 10
jours qui suivent, à son départ pour l'Orient.
Du 3 au 7 janvier 1917, les 3 bataillons et la CHR du régiment
embarquent successivement à la gare de S
t Germain au Mont
d'Or et tandis que les 4
e et 6
e bataillons sont dirigés sur
Toulon où ils embarquent, le 4
e sur le paquebot "Médié"
et le 6
e sur la "Ville de Bordeaux", le 5
e bataillon et la CHR, sont
dirigés sur Tarente et embarquent sur le paquebot
"Régina Helena".
2 autres détachements comprenant le matériel et les
animaux du 5
e bataillon et CHR embarquent respectivement sur le "Paul
Lecas" et sur le "Torento".
Tout le régiment ainsi réparti sur 5 paquebots est
dirigé sur Salonique ; la traversée, faite en cette
période critique de la guerre sous-marine, s'effectue sans
incident, mais non sans alerte. Les 5 paquebots arrivent dans les
limites du temps fixé par l'horaire et les bataillons
débarquent à Salonique les 14 et 15 janvier.
Ils sont aussitôt conduits au camp de Zeitenlik (4 km de la ville), où les hommes dressent la tente.
L'Albanie
Le régiment quitte le camp de Zeitenlik, le 26 janvier, il a
l'ordre de se rendre par étapes à Florina où il
doit recevoir de nouvelles instructions.
C'est la mauvaise saison, presque toujours la pluie, la neige et le
froid ; l'unique route qui mène à Florina est
étroite, défoncée, boueuse et submergée
même, par endroit, par la crue du Vardar.
Péniblement le régiment accomplit ses 20 à 25 km,
sans jamais trouver de cantonnement à la fin de l'étape,
montant toujours la tente, souvent insuffisante contre les pluies torrentielles et
les bourrasques de ces régions.
Il arrive à Florina le 10 février et va bivouaquer
à 8 km de la ville, sur la route de Florina à Koritza,
où il reçoit la visite générale Grosetti,
commandant l'AOF, qui lui donne sa mission.
Le 11 février, poursuivant sa route dans la direction de Koritza
(Albanie), le régiment franchi le col de Pisoderi, recouvert
d'une épaisse couche de neige, puis par l'itinéraire :
Breznica, Biklista, Zemback, arrive en Albanie le 15 février.
La mission du régiment et d'appuyer le mouvement de la 76
e DI,
qui a reçu l'ordre de dégager la route de Koritza, en
chassant les éléments ennemis qui en occupent les
hauteurs, et d'assurer la liaison avec les troupes italiennes qui,
partant de Santi Quaranta, viennent dans la direction de Koritza.
Le 5
e bataillon (commandant Sutterlin) et la CHR, campent à
Zemlak ; le 4
e bataillon (commandant Henriot), est envoyé
dans le secteur de Polena (cote 1250) ; le 6
e bataillon (commandant
Nancy), occupe Votskop, Goskova, puis les villages de Laveyar et
Djonomack, précédemment occupés par les
Autrichiens qui se replient. Ces 2 derniers bataillons, après
relève par le 227
e RI, rejoignent le régiment dans la
région de Zemlack.
Lac de Prespa (Serbie) - les attaques au Nord de Leskovets
Le 210
e RI, quitte Zemlack par bataillons, du 26 février au 1
er
mars, suivant la route de Resna, et se rend en 2 étapes à
la maison forestière du col 947 où il reçoit
l'ordre de se préparer à l'attaque des positions
ennemies, qui doit avoir lieu le 11 mars 1917.
Les positions ennemies sont situées au nord du village de
Leskovets, entre le massif du Tomoros et le lac de Prespa ; leur
altitude varie de 850 à 2000 mètres et leur accès
est rendu encore plus difficile par une épaisse couche de neige
qui dissimule quelques tranchées ennemies ; tranchée en
V, tranchée brune, piton vert, le petit et le grand
Couronné, etc.
D'après les renseignements, l'ennemi, dont la nationalité
est souvent variable, y est mal organisé et paraît peu
nombreux.
Le 210
e RI, en conséquence, reçoit la mission de
s'emparer de ses positions, de les culbuter et d'ouvrir à la 76
e
DI le passage qui doit lui permettre de déboucher dans la plaine
de Resnay.
Pour cette attaque, le régiment est appuyé par toute l'artillerie de la 76
e DI et par une section de 120 L.
Le 11 mars, à 5 heures, les 4
e et 5
e bataillons, quittent leurs
emplacements d'attente, et se portent au pied des hauteurs qu'ils
doivent attaquer, puis, à 6 heures, l'artillerie ouvrant son
feu, il se dirige directement vers leurs objectifs.
Dès 9 heures, le 4
e bataillon dont la marche et très
gênée par la neige, est en butte de front et de flanc, au
tir de nombreuses mitrailleuses ennemies établies sur les pentes
est du Tomoros. Une compagnie de ce bataillon, la 15
e réussit
cependant à bousculer un poste ennemi, en enlevant une
mitrailleuse et en faisant une quinzaine de prisonniers, tous des
chasseurs saxons, puis à s'établir sur la position
conquise permettant au 4
e bataillon de continuer sa marche.
Le 5
e bataillon après une marche aussi pénible,
réussi avec l'aide du 4
e bataillon, à s'emparer de la
tranchée en V, principal ouvrage de la 1
ère position.
L'attaque, cependant, n'avait pas réussi, suivant les
espérances du commandement, une position importante avait
été enlevée à l'ennemi, mais la
percée pour envahir la peine de Resna, n'était pas faite.
Les attaques, pour obtenir ce résultat, sont donc
renouvelées du 12 au 19 mars, toutes menées avec
acharnement, faisant subir au régiment de grosses pertes et sans
apporter au régiment d'autre résultat que quelques
améliorations de la position. Cette position est
organisée à partir du 19 mars et le lieutenant-colonel,
commandant le RI, prend le commandement du sous-secteur de gauche du
secteur est de la 76
e DI ; les 3 bataillons sont en ligne.
Le 1
er avril, après une préparation d'artillerie,
l'ennemi (des Turcs) attaque à 20 h 30, le secteur occupé
par le 6
e bataillon ; après un combat acharné, par une
nuit très noire, il réussit à prendre pied sur la
position d'où il est délogé le lendemain par une
contre-attaque du 6
e bataillon qui reprend entièrement le
terrain perdu.
Le 25 juin, une nouvelle attaque menée par des troupes bulgares
se déclenche sur le poste de la "Pyramide", occupé par un
détachement de la 15
e compagnie. Ce poste situé à
2000 mètres d'altitude est très important ; il constitue
un observatoire remarquable, permettant de surveiller l'arrière
de l'ennemi, d'observer tous ces mouvements, et de bombarder
efficacement tous les points intéressants de la ligne ennemie.
Pour se rendre maître de cette position, l'ennemi met en oeuvre
toute son artillerie et ses minenwerfers de gros calibre. Après
une journée entière de bombardement intensif, les
Bulgares attaquent la "Pyramide", mais sont arrêtés devant
les fils de fer par la fusillade et le jet des grenades qui les
obligent à regagner rapidement leurs tranchées.
Le 27 juin, par télégramme, le général
commandant l'AFO, adresse ses vives félicitations aux
défenseurs de la "Pyramide".
Jusqu'aux 3 août, le RI, commandé par le
lieutenant-colonel Malandrin depuis le 11 mai, poursuit sans repos
l'amélioration des positions, creusant des tranchées, des
boyaux et des abris dans le roc, ce qui nécessite un travail
considérable à la mine et au pic, construisant des
chemins muletiers sur plusieurs kilomètres de longueur et posant
des réseaux de fil de fer sur une grande profondeur.
Le 4 août, le 210
e RI, est relevé de son secteur par les 7
e et 8
e régiment d'infanterie russes.
Le régiment par l'itinéraire Biklista, Zelova, Bresnica,
Florina, Klestina, se rend dans la région de Monastir où
la 76
e DI doit occuper un secteur.
Il arrive à Kissovo (Serbie), le 20 août, où il bivouaque jusqu'au 6 septembre.
Monastir (Serbie) - cote 1248 (septembre 1917 - septembre 1918)
La 76
e DI occupe à 5 km au nord de Monastir, un secteur
important, dont la 1
ère ligne suit une ligne de crête
passant par la cote 1248.
Le 7 septembre 1917, 210
e RI, vient prendre possession du sous-secteur
"Bayard" comprenant la cote 1248. Entre les unités de ce
régiment, sont intercalées des compagnies du 5
e
régiment hellénique placé sous le commandement du
lieutenant-colonel, commandant le 210
e RI.
Jusqu'au 2 novembre, il reste en secteur, améliorant les
positions et subissant sans cesse des bombardements ennemis violents.
Remplacé le 5 novembre par le 157
e le régiment se rend
au repos dans la région Kisoro - Dragos - Holeven, où il
reste jusqu'au 2 décembre, date à laquelle il vient
occuper dans le secteur de Monastir, le sous-secteur
"Vercingétorix", du 3 décembre au 21 janvier 1918. Puis
après une nouvelle période de repos d'un mois environ,
c'est la réoccupation du sous-secteur "Bayard" du 18
février au 18 avril.
Le 18 avril, le 210
e RI, relevé de son secteur par le 34
e RIC,
se rend dans les cantonnements Kotori le Bas, Kotori le Haut et
Belkamen, faisant partie avec toute la 76
e DI de la réserve de
l'AFO.
Après 2 mois d'instruction et de travaux de route, le
régiment revient dans la région de Monastir ; il occupe,
le 3 juillet, le sous-secteur "Esterel" jusqu'au 24 août
où il est relevé pour venir au repos dans la
région d'Holeven.
Attaque Générale - poursuite et capitulation de l'ennemi
Au repos d'Holeven, le régiment se prépare à
l'attaque générale sur le front d'Orient de toutes les
troupes alliées.
Le 21 septembre, à 18 heures, il est alerté et
reçoit l'ordre de se tenir prêt à attaquer l'ennemi
au nord de Monastir et de le poursuivre en cas de repli.
Déjà, à la droit de la 76
e DI, l'ennemi s'est
replié vers le nord abandonnant la position importante de la
cote 1050, sous la pression des alliés.
Le 22 septembre, à 2 heures du matin, il quitte Holeven pour
Monastir, avec mission de remplacer le 1
er régiment de marche,
qui vient d'occuper la 1
ère ligne bulgare, et de continuer
l'attaque en débordant les tranchées de la "Wartha" par
l'est de façon à faire tomber la dernière
résistance ennemie des "Mamelons".
Le 5
e bataillon (capitaine Fichot) et le 6
e bataillon (chef de
bataillon Legendre) franchissent donc les anciennes premières
lignes françaises et exécutent la relève du 1
er RM
par un mouvement d'infiltration, très gêné par les
tirs ennemis.
Le 23, à 3 h 30, l'attaque dirigée par le
lieutenant-colonel Malandrin, commandant de 210
e RI, est
déclenchée, sans préparation d'artillerie, aucune
batterie n'étant en mesure de soutenir l'attaque ; l'ennemi
ayant éventé notre attaque, riposte par un barrage
violent d'artillerie et de mitrailleuses. Malgré la puissance de
ce feu, la 23
e compagnie réussie à enlever les premiers
éléments de la tranchée "Havel" en faisant 18
prisonniers, mais est rejetée par une violente contre-attaque
ennemie.
Le 5
e bataillon, d'autre part, est arrêté devant les réseaux intacts de l'ennemi.
À 4 h 50, le lieutenant-colonel, jugeant que la situation des 5
e
et 6
e bataillons serait intenable au jour en raison des tirs d'enfilade
et de flanc de l'ennemi, donne l'ordre à ses 2 bataillons de
réoccuper les emplacements de départ.
Cependant, à 14 heures, par ordre du général
commandant la 76
e DI, l'attaque sur les mêmes objectifs est
reprise, mais est arrêtée aussitôt par ordre du
commandement, un régiment de la division ayant
échoué dans son attaque ; les bataillons de 210
e RI
engagés, reçoivent en conséquence l'ordre de se
replier sur les positions de départ, ils exécutent ce
mouvement sous un feu très violent d'artillerie et de
mitrailleuses ennemies.
Le 24 septembre, l'ennemi qui s'est montré très actif le
23, est très calme ; aucune action d'artillerie, peu de feux des
mitrailleuses. Ces indices permettant de croire à un repli, des
patrouilles sont envoyées dans les lignes adverses, mais elles
sont accueillies à coups de fusils et de grenades.
À la suite de renseignements et de nouveaux indices faisant
présager un repli général de l'ennemi, des
patrouilles sont ordonnées à partir de minuit. Ces
patrouilles faites par le 5
e bataillon, sur les tranchées de la
Havel et de Haendel sont étayées par des
éléments d'attaque, destinés à se
précipiter sur les tranchées ennemies dans le cas
où elles seraient faiblement occupées.
Ces tranchées, d'où partaient encore des coups de feu
à 23 h 30, le 24 septembre, sont abordées et
enlevées sans résistance le 25 à 0 h 30, par les
patrouilles offensives.
Celles-ci, sans s'arrêter, continuent à progresser et
gagnent les lisières nord de Kukurécani. Le mouvement de
poursuite commence à partir de 2 h 30, avec les objectifs : pont
de la Semnica, Zulica puis Crnevcé.
La marche s'exécute par bonds, la nuit noire n'étant pas
favorable à la poursuite et la liaison n'existant pas ni
à droite, ni à gauche, en raison du terrain très
accidenté et des mouvements moins rapides des autres
régiments.
À 7 h 30, le 5
e bataillon atteint le pont de la Semnica avant de
changer de direction suivant les ordres du commandant du RI.
La marche des bataillons est reprise à 8 h 30, dans une
formation très articulée, échelonnés en
profondeur, avec l'ordre d'attaquer Zulica, si ce village est
occupé par l'ennemi, puis Crnecvé avec le massif du
"Lorgnon".
À 11 heures, le village de Zulica est dépassé, le
5
e bataillon atteint, à 12 h 45, les abords est de
Crnecvé et occupe complètement le camp des "Artilleurs
Bulgares", situé à 1 km à l'est du village. Des
renseignements fournis par les éléments de tête du
5
e bataillon, les coups de feu, tirés des crêtes dominant
Crnecvé, permettent de supposer l'occupation du village par les
bulgares, ainsi que toutes les crêtes et le "Lorgnon"
situés au nord-est et au nord ; le col de Lopatica notamment
paraît fortement défendu.
À 12 h 50, l'ennemi ouvre un feu violent de mitrailleuses
sur le 5
e bataillon et établi autour de Crnecvé, un
barrage d'artillerie très dense.
La marche d'approche est arrêtée.
L'ordre d'attaquer et d'occuper coûte que coûte
Crnecvé et le "Lorgnon", est donné à 13 heures par
le lieutenant-colonel, commandant le RI.
L'attaque est déclenchée à 13 h 30 sous un feu
extrêmement violent ; le 5
e bataillon progresse, occupe et
dépasse Crnecvé vers le Sud-Ouest et le Nord, puis occupe
la crête du "Lorgnon", chassant l'ennemi qui se retire vers le
col de Lopatica.
A 18 h 30, le commandant du RI, donne l'ordre de s'installer solidement
sur la crête du "Lorgnon", et de ne pas poursuivre l'ennemi, en
raison des gros efforts fournis par les hommes qui, depuis minuit,
avaient marché et combattu sans arrêt jusqu'à 18
heures, et d'autre part, afin de pouvoir attendre des renseignements
sur la situation exacte des régiments voisins.
À 19 heures, les bataillons prennent donc le dispositif
d'avant-postes, fin de combat, prêt à poursuivre l'ennemi.
À 20 heures, l'ennemi qui n'avait pas cessé de tirer sur
les éléments établis sur le "Lorgnon", cesse
son feu ; par une nuit très noire, quelques patrouilles du 5
e
bataillon, constatent que l'ennemi semble avoir disparu.
Le 26 septembre, à 9 heures, le régiment reçoit
l'ordre d'enlever le col de Lopatica, et de défendre ce col avec
la vallée de la Mramorica.
En exécution de cet ordre, le 210
e RI, reprend son mouvement en avant à 11 heures.
Le 5
e bataillon, franchit le col de Lopatica, sans trouver de
résistance, continue sa marche vers Zagoric et s'installe en
avant-postes.
Le 6
e bataillon, franchi la crête 1450, traverse la vallée
de la Mramorica et s'installe à l'ouest du 5
e bataillon.
Le 4
e bataillon, s'installe et organise la défense du col de Lopatica.
En résumé, le régiment à la suite des
attaques et poursuites du 23 au 26 septembre, s'empare de nombreux
approvisionnements ennemis sous casemates, particulièrement de
projectiles et, de plus, oblige l'ennemi a abandonné un canon
à longue portée.
Le régiment conserve sa situation au col de Lopatica, jusqu'au
27 septembre, où il reçoit l'ordre de quitter ses
avant-postes, l'ennemi s'étant retiré très
au-delà, et de se diriger vers la route de Prilep -
Véles, où doit se reformer la 76
e DI, devenue
réserve d'armée.
Le 29 septembre, le régiment traverse Prilep et va bivouaquer
à 3 km au nord de cette ville où il apprend la cessation
des hostilités et l'armistice avec la Bulgarie.
La brillante conduite du régiment pendant les journées
qui ont amené la capitulation de l'armée bulgare, est
récompensé par la belle citation suivante à
l'ordre de l'armée :
Très bon régiment qui, sous les ordres du lieutenant
colonel Malandrin, c'est particulièrement distingué dans
les journées du 22 au 26 septembre, dans l'attaque incessante
menée avec acharnement, des tranchées ennemies, conquises
pied à pied.
A ainsi contribué à arrêter la retraite de l'ennemi
et à permettre le succès de la manoeuvre qui a
déterminé la reddition des divisions placés en face le secteur
de Monastir.
A travers la Serbie et la Bulgarie - le franchissement du Danube - la Roumanie - l'Armistice
La capitulation de la Bulgarie, nous livre un matériel
considérable et de nombreux prisonniers. Afin de coopérer
à la garde, la surveillance et le dénombrement de cet
immense butin, le 210
e RI est envoyé à Uskub,
où il arrive le 4 octobre.
Dans cette ville, le régiment espérait trouver un repos
justifié par le gros effort fourni depuis le début de
l'offensive ; mais la chute de la Bulgarie en libérant la
Serbie, nous laissait en présence d'une tâche encore bien
grande, celle de chasser de ses régions les Allemands et
Austro-Hongrois, qui, abandonnés par les Bulgares, avait
déjà commencé un mouvement de retraite. La
Roumanie notamment, notre fidèle alliée, sous le joug
germanique depuis le traité de Bucarest, volée,
pillée, affamée par les Allemands, attendait impatiemment
sa libération qui apparaissait comme un devoir sacré pour
lequel toutes les forces devaient être mises en oeuvre.
Dès le 9 octobre, après 4 jours seulement d'un repos
relatif, le 210
e RI reprend sa route à travers la Serbie
dévastée. Les chemins sont mauvais,
défoncés, les ponts détruits par les Bulgares,
empêchent notre ravitaillement d'avancer. C'est alors que les
difficultés des étapes à travers ces
régions montagneuses, s'augmente encore par suite d'une
nourriture précaire ; pendant 8 jours, faute de pain, les
gradés et les hommes fabriquent des galettes avec le blé
réquisitionné dans les fermes.
Par Egri - Palanka, le régiment franchit la frontière
serbo-bulgare à Gjirgesevo et arrive à Kustendit
(Bulgarie) le 18 octobre, où il s'installe au bivouac reprenant
haleine jusqu'aux 24.
Le 25 octobre, recevant une mission spéciale, il embarque
en chemin de fer à la gare de Kustendil à
destination de Rustchuck.
Il arrive dans cette ville le 27 octobre, après avoir
traversé toute la Bulgarie, et va cantonner à Koulata et
Dolapite, 2 villages situés sur les bords du Danube.
La mission du régiment est d'interdire toute navigation sur le
fleuve et d'embouteiller tous les bâtiments vers Rutchuck.
La surveillance s'exerce également sur l'autre rive du Danube,
rive roumaine, toujours occupée par les troupes allemandes
commandées par le maréchal Mackensen.
Le 9 novembre, des renseignements de source particulière, ayant
fait connaître que les troupes allemandes d'occupation de la
Valachie, ont commencé un mouvement de retraite à travers
les Carpates et la Hongrie pour entrer en Silésie, le 210
e RI,
qui fait partie du détachement Boblet, rattaché à
l'armée du Danube, reçoit la mission de passer
immédiatement sur la rive gauche du Danube, à hauteur de
Koulata, en attaquant les arrière-gardes ennemies, de s'emparer
de la ville roumaine de Giurgiu et de se porter ensuite dans la
direction du nord, vers Galugareni.
L'embarquement commence le 10 novembre, à 3 h 30, sur le vapeur
"Kerna" et 2 chalands. La traversée s'opère sans incident
; le régiment débarque à 7 heures sur le sol
roumain en face du village de Slobozia.
Les 4
e et 6
e bataillons ayant chacun leur mission, se déploient
immédiatement et marchent directement sur les objectifs qui leur
sont assignés :
Le 6
e bataillon (chef de bataillon Legendre), sur Giurgiu, dont il doit s'emparer.
Le 4
e bataillon (capitaine Aiguepaiss), sur Slobozia, puis Florica.
À 7 h 30, les premiers obus ennemis sont tirés sur le
régiment par des batteries situées dans la région
de Giurgiu et dans la région de Stanesti. Une canonnière
armée d'un 105 m/m situé dans le canal de l'île de
Ramadan, ouvre également le feu.
Le 6
e bataillon, à 8 h 30, entre en contact avec l'ennemi, le
chasse de l'île de Ramadan et arrive bientôt devant le pont
en fer, le seul passage au sud, permettant d'entrer à Giurgiu,
juste au moment où les Allemands tentent de le faire sauter. Les
patrouilles envoyées immédiatement pour chercher à
reconnaître l'état du pont, ne peuventt y parvenir en
raison du feu violent des mitrailleuses ennemies.
En présence de cette situation, par ordre du commandant du
régiment, le 6
e bataillon, après avoir laissé une
compagnie devant le pont, se reporte à 3 km à l'ouest de
la ville, franchit le canal est à l'aide de barquettes sous le
feu de l'ennemi, et arrive à 18 heures devant Giurgiu. Les
Allemands se replient sous la poussée de ce bataillon qui
pénètre dans la ville dont il occupe
différents points.
De son côté, le 4
e bataillon, poursuit sa mission,
traverse un bras du Danube à l'aide de barquettes, engage un
combat aux lisières de Slobozia, s'empare du village et se porte
sur Florica où il arrive en fin de journée, après
une marche d'approche sur un terrain dénudé et plat,
balayé par les feux des mitrailleuses et des batteries
allemandes.
Quant au 5
e bataillon (chef de bataillon Boisseau), à la
disposition du lieutenant-colonel, commandant le RI, il couvre les
dispositifs des 4
e et 6
e bataillons.
Le 11 novembre, dès la pointe du jour, le mouvement est repris
dans la direction du nord par le 3
e bataillon, le lieutenant-colonel
commandant le 210
e RI, ayant laissé à Giurgiu, 2
bataillons du 61
e RI, mis à sa disposition.
Après une journée entière de combats avec les
arrière-gardes ennemies, les 3 bataillons atteignent tous les
objectifs assignés au régiment en faisant un certain
nombre de prisonniers allemands.
Le 11 novembre, à minuit seulement, l'annonce de l'armistice
parvient au régiment qui arrête de ce fait, la poursuite
de l'ennemi.
En résumé, pendant 3 jours, en dépit de ses
fatigues et de la fièvre qui sévit sérieusement,
le 210
e RI, reprend brusquement contact avec les boches en traversant
audacieusement le Danube ; il est le 1
er régiment
français qui fait flotter son drapeau sur le sol roumain ; il
chasse les Allemands devant lui et libère une dizaine de
villages et la ville de Giurgiu.
Cette brillante conduite vaut, pour le régiment, une proposition
de citation à l'ordre de l'armée faite par le
général Berthelot, commandant l'armée du Danube,
mais cette citation, hélas, n'ait pas accordée
entièrement, et seul, un additif à la
précédente citation obtenue par le RI, vient
commémorer le fait d'armes.
Le texte complet de la citation devient donc le suivant :
Très bon régiment, qui, sous les ordres du lieutenant
colonel Malandrin, s'est particulièrement distingué dans
les journées du 22 au 26 septembre, dans l'attaque incessante
menée avec acharnement, des tranchées ennemies, conquise
pied à pied. À ainsi contribuer à arrêter la
retraite de l'ennemi et à permettre le succès de la
manoeuvre qui a déterminé la reddition des divisions
placées en face le secteur de Monastir.
Le 10 novembre 1918, a franchi le Danube de vive force, libérant une large partie du territoire roumain.
Après l'armistice - dissolution du régiment
Les Allemands, ayant accepté les conditions de l'armistice, se retirent de la Roumanie par les Carpates et la Hongrie.
La mission du 210
e est terminée.
Il vient occuper des cantonnements à Giurgiu et dans les
villages environnants, trouvant chez les habitants un accueil
enthousiaste et vraiment touchant. Au cours de son repos, le
lieutenant-colonel, commandant le RI, est envoyé à
Bucarest avec le drapeau et une compagnie d'honneur pour participer aux
fêtes données en l'honneur du roi de Roumanie, le 1
er
décembre.
Les 210
e quitte Giurgiu, le 25 décembre et se rend par
étapes à Alexandria, où il embarque en chemin de
fer, le 29 décembre à destination de la Hongrie.
Ils débarquent du 1
er au 4 janvier à Szégedin et
va cantonner dans les casernes et écoles de la ville en recevant
l'ordre, toutefois, de se tenir prêt à toute
éventualité, Szégedin formant une tête de
pont en avant de la ligne de démarcation et d'autre part, en
raison de la révolution bolchevique qui commence à couver.
Le 21 mars, à la suite de renseignements précis et de
plusieurs réunions politiques laissant présager des
incidents graves, le régiment est alerté. Le lendemain
matin, dès 6 heures, les Hongrois bolchevistes et les troupes
hongroises bolchevisées, ayant arrêté plusieurs
soldats français en corvée et ayant pris une attitude
nettement agressive, le lieutenant-colonel Malandrin, commandant les
troupes françaises de Szégedin, donne l'ordre de se tenir
prêt à combattre et de renforcer les différents
postes de la ville. Ces renforts se heurtent pour la plupart, aux
troupes hongroises qui ouvrent le feu sur les détachements
français. Tous les postes du 210 RI, sont attaqués,
notamment le poste de la prison, où une section garde 15
prisonniers russes bolchevistes.
À 17 heures, la situation paraissant s'aggraver, le
lieutenant-colonel Malandrin, donne l'ordre aux 210
e RI d'occuper un
secteur de défense en ville, en liaison à droite et
à gauche avec 2 bataillons du 54
e RIC, venus de Széged
pour renforcer le régiment avec ordre de tirer sur toutes
troupes hongroises armées.
À la suite de ces mesures, la situation s'améliore et vers 19 h 30 le feu cesse de toutes parts.
Le 23 mars, à 1 h 30, tous les postes sont dégagés
et dans la journée, peu à peu, la ville de Széged
reprend sa physionomie normale.
En raison de la nouvelle situation créée par les troubles
bolchevistes, la tête de pont de Szégedin est
avancé de 10 km au nord et, tenue par le 157
e RI et le 210
e RI,
qui occupent leur nouveau secteur dès le 28 mars.
Pendant 3 mois, le 210
e RI, commandé par le lieutenant-colonel
Foriel Dartezet, depuis le 23 avril, occupe ainsi un secteur qu'il
organise défensivement jusqu'au 29 juin, où il est
relevé par le 12
e RIT.
Cette date lui apporte aussi la nouvelle de sa dissolution.
Dissous à la date du 1
er juillet 1919, le 210
e passe tout son
effectif au 16
e RTA, qui se constitue à la même date.
Son drapeau, après avoir été ramené en
France, participe aux fêtes du 14 juillet 1919, puis, est
porté à Auxonne, et déposé au
dépôt du 10
e RI.